L'association Adullact a souvent fait la déclaration selon laquelle « L'argent public ne paie qu'une fois ». Les 20 ans de l'association n'ont pas échappé à cette traditionnelle maxime de Pascal Kuczynski, fondateur de l'Adullact. Cette déclaration est particulièrement pertinente dans le cadre des logiciels utilisé dans le cadre des collectivités territoriales (communes, mairies, etc.).

Réinventer la roue

« L'important quand on gère de l'argent public est qu'il faille éviter de redévelopper x fois la même chose. Faisons en sorte que l'argent public ne paie qu'une fois. »

Pourquoi l'argent public ne devrait payer qu'une fois ? Car c'est l'argent du contribuable et qu'il faut l'utiliser à bon escient (logique) ! (encore que, il serait nécessaire de le rappeler à bon nombre de politiciens et politiciennes !)

En utilisant des logiciels libres, les collectivités telles que les mairies peuvent économiser de l'argent en ne payant qu'une seule fois pour l'acquisition du logiciel. En effet, les logiciels libres, bien que payant à produire (libre ne veut pas dire gratuit !), peuvent être utilisés, modifiés et distribués librement.

En effet, dans le cadre d'appel d'offres, il est rare qu'un acteur se base sur l'existant. Le prestataire choisi redéveloppe souvent tout à partir de 0 chaque fois qu'un acteur public demande l'ajout d'une fonctionnalité suite à un appel d'offre, c'est pas ce qu'on peut appeler une utilisation efficace de l'argent public. Cette situation de réenvention de la roue est souvent due au fait que le code source du programme initial est souvent propriétaire de l'entreprise qui l'a développée à la première version. Choisir le logiciel libre est d'autant plus pertinent dans ce contexte, car il permettrait à l'éventuelle seconde société de continuer les fonctionnalités sur base du code existant.

Il existe bon nombre de cas illustrant cette situation inique, notamment en Belgique avec l'application mobile de la SNCB (société du rail belge) ou plus récemment avec SNCF Connect. Suite à un appel d'offre une entreprise privée/acteur semi-public remporte le marché et parce que la précédente application n'est pas open source, tout est à refaire 🤦‍

Redevances et enfermement propriétaire

En pratique, ceci signifie que les collectivités n'ont pas à payer de redevances ou de licences pour utiliser ces logiciels, et surtout ne sont pas enfermées dans un format propriétaire (le « vendor lock-in ») ou faussement publié comme « ouvert » (ex.: OpenXML de Microsoft). Sur le long terme, ceci peut représenter des économies considérables.

Les secteurs de niche

De plus, les collectivités ont souvent besoin de développer des logiciels de niche, qui ne sont pas considérés comme des produits rentables pour les grands acteurs du logiciel propriétaire. Les logiciels libres permettent aux collectivités de développer ces logiciels de niche eux-mêmes ou en collaboration avec d'autres collectivités, sans avoir à dépendre des grands éditeurs de logiciels.

Sur certains marchés de niche (ex. la gestion d'un cimetière), il n'existe aucun éditeur actif sur ce secteur. « Sous l'impulsion de l'@ADULLACT, un grand nombre de logiciels de niche (n'intéressant pas les gros éditeurs) ont été créés : gestion des archives locales, des cimetières, de la gestion de la signature électronique » (Mardi du numérique étique, 2021-05-25)

En utilisant des logiciels libres, les collectivités peuvent également disposer d'une plus grande flexibilité et de plus de contrôle sur leur système d'information, ce qui leur permet de répondre plus efficacement aux besoins de leurs citoyens.

Le développement collectif comme solution

Dans un article de ZDNET citant CIO-Online (partenaire du congrès des 20 ans de l'Adullact), l'association explique la solution qu'elle défend (et que La Mouette soutient également) :

« Selon le principe « l'argent public ne paie qu'une fois », l'Adullact a comme principal objet de mutualiser les développements opérés pour les collectivités locales, en plaçant ces développements sous licence libre, et d'opérer des services connexes comme l'hébergement de certains logiciels sous forme de SaaS ou de PaaS. Lorsqu'elle n'opère pas, l'Adullact s'appuie sur un large éventail de partenaires dont certains étaient d'ailleurs sponsors du congrès. Parmi les récentes plates-formes mises en oeuvre, l'Adullact a déployé sa propre implémentation de Démarches-Simplifiées, créée par la Dinum (Direction Interministérielle du Numérique) pour les administrations d'État. »

 

Il est donc clair que la déclaration de l'Adullact « L'argent public ne paie qu'une fois » est particulièrement pertinente dans le cadre des logiciels libres, surtout pour les collectivités qui doivent souvent développer des logiciels de niche que les grands acteurs du logiciel propriétaire ne veulent pas développer. Cette citation est d'ailleurs en lien avec un autre projet que nous soutenons : « Public Money, Public Code », une campagne de la FSFE (Free Software Foundation Europe).


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